Dans une lignée, plusieurs éléments peuvent faire apparaitre des fantômes : le secret de famille, le deuil non fait, la culpabilité et les problèmes liés à la sexualité.
Dans le dictionnaire, le secret est défini comme « un ensemble de connaissances, d’informations qui doivent être réservées à quelques-uns et que le détenteur ne doit pas révéler ».
Dans l’histoire familiale, deux sortes de secret coexistent : l’un, positif, sain, qui apprend à l’individu à différencier son intimité et celle de l’autre, il lui garantit la liberté de penser et d’agir ; l’autre, négatif, nocif, qui perturbe la psyché de l’individu et l’amène à des comportements qui lui sont profondément étranger, et qui devient pathologique lorsqu’il amène un déséquilibre psychique pour l’individu.
Afin de libérer, de nettoyer son arbre de ces poids du passé, il faut les chercher, les articuler et les mettre en mots.
Les mettre en mots permet de les reconnaitre, alors une fois reconnus, ils remontent à la surface, à la conscience.
Un secret de famille négatif va naitre de l’envie de « protéger » l’autre, c’est souvent le cas des parents envers leur enfant. Mais en voulant l’épargner, il ressentira malgré tout inconsciemment que quelque chose se trame.
Ce type de secret aura donc souvent pour effet de marginaliser ou d’exclure certains membres de la famille, de les isoler et leur ôter la confiance et la compréhension du reste du groupe familial.
Le secret devient « pathologique » lorsque « nous cessons d’en être le gardien pour en devenir son prisonnier ». Alors, c’est le silence même entourant le secret qui rend malade, plus encore que le secret lui-même (qui n’a pas été vécu de manière traumatisante par le descendant).
Les secrets de famille toxiques sont identifiables grâce à trois traits : ils sont cachés, on sent qu’il est interdit de les connaître, ils provoquent des souffrances psychiques chez un membre de la famille (souffrances perçues par ses enfants...).
Attention cependant, il est très important de bien différencier ce que la famille imposera comme un silence, un tabou, et des informations bien évidemment interdites aux enfants (telle que la vie sexuelle des parents par exemple).
Lorsque c’est un secret qui procure du bonheur au parent, il ne pèsera pas sur l’enfant. Tandis que lorsqu’il s’agit d’un conflit, d’une dispute ou d’un traumatisme qui est caché, c’est là que s’installent les secrets problématiques. La gravité du fantôme est donc liée à la charge émotionnelle qui lui est associée.
Serge Tisseron
Lorsqu’il y a la présence d’un secret, d’un non-dit dans la famille, l’enfant va ressentir un malaise chez son parent et va recourir à trois étapes.
D’abord, il va se demander si cela est de sa faute, s’il a fait une bêtise sans s’en rendre compte.
Puis, sa question deviendra : « Mes parents ont-ils fait quelque chose de honteux dont ils n’osent pas me parler ? »
Enfin, il se dira « peut-être que je me fais des idées… ». Il s’engage alors sur le chemin du doute.
Si l’évènement occulté est important, l’enfant finira par douter de ce qu’il entend, de ce qu’il voit, de ce qu’il comprend et de ce qu’il pense.
C’est une souffrance terrible pour l’enfant qui pourrait alors présenter des troubles plus ou moins sérieux (des difficultés d’apprentissages aux comportements psychotiques).
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