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L’inconscient familial

Il arrive que l’on entende des histoires où des enfants font des cauchemars évoquant des évènements qu’ils n’ont jamais vécus, mais dont leurs ascendants étaient bien présents.


Comment ont pu se transmettre ces informations alors qu’ils n’ont jamais eu de contact ?


Chaque enfant hérite de problématiques non résolues de ses parents. Schützenberger considère que cette transmission se fait à deux niveaux :


- Une transmission consciente, qui passe par la parole entre les différents membres de la famille. On parle de transmission intergénérationnelle.


- Une transmission inconsciente, qui n’est pas consciemment articulée et passe alors par les silences, les secrets, les non-dits, les gestes, les pensées. On parle ici de transmission transgénérationnelle.


Le poids de cet héritage familial nous amène à parler d’enfant « chargé » : on considère que l’enfant n’a pas une nature méchante ou agressive qui est de son fait, il hérite des refoulements de ses parents qui expliquent alors son comportement.


La transmission inconsciente… Durant la grossesse

Nous connaissons tous cette hypothèse portant sur la communication entre le fœtus et sa mère durant la grossesse.

Schützenberger, Dolto et tant d’autres estiment que l’inconscient de la mère et de son enfant son liés, expliquant alors le passage d’évènements familiaux d’un parent à son enfant.


Aux Etats Unis, Jacob Levi Moreno propose des psychodrames afin de revivre des épisodes de la vie intra-utérine. Il estime que les inconscients des membres d’une famille communiquent, il appelle cela « le co-inconscient familial ».


La projection des parents

Lorsqu’un enfant va venir au monde, la famille projette sur lui toutes sortes d’attentes, de pensées et de plans inconscients. On appelle cela des « engrammes ». Avant même sa naissance, l’enfant a déjà une vie programmée, que ce soit au niveau professionnel, affectif et spirituel.

Prenons l’exemple d’un père qui n’a pas pu réaliser son rêve et qui va projeter sur son fils la réussite qu’il n’a pas connu. A sa naissance, et même avant, cet enfant se doit de suivre le programme de son père : on appelle cela la loyauté invisible.


La communication non verbale

Il est bien connu que l’observation du corps, de tout ce qui ne relève pas de la parole verbale permet de révéler des contenus inconscients qui ne s’expriment pas par les mots.

Là où la parole est impossible, le corps s’exprime.

Cela est souvent révélateur de non-dits, de secrets. Ce langage non verbal peut se présenter sous une impression générale sur la famille, une atmosphère particulière, un comportement, une attitude, des gestes particuliers…

Le nouveau-né est très sensible à ce type de transmission, car il est encore une éponge sensorielle et ressent davantage tout ce qui relève de la communication non verbale.


L’absence de communication

Entre les membres de la famille, le passage de l’inconscient se fait par le non-dit. Didier Dumas parle alors de fantômes naissant de l’absence de parole.

Tout ce qui est caché ressort forcément un jour ou l’autre, sous une forme qui nous échappe ou que l’on ne veut pas voir.


Le deuil non fait

Toute chose interrompue, inachevée ou bloquée dans son processus sera transmise d’une génération à l’autre. On parle couramment du cas du deuil non fait.

Bien souvent, ce type de deuil est interrompu voire impossible car la mort a été violente, inexpliquée, choquante, injuste, soudaine.

Dans ces cas, le défunt n’est pas tout à fait mort et continue d’être un fantôme dans l’inconscient familial. On retrouve cela dans les cas de fausses couches, des avortements, des mort-nés, des meurtres, suicides et accidents.

La famille ne comprend pas pourquoi telle personne est décédée et n’a pas pu faire le deuil et donc, accepter la perte de cet être. Ces deuils non faits seront alors une véritable charge pour les descendants.

On peut retrouver à ce sujet le syndrome anniversaire : on constate des concordances entre un deuil et une naissance. La correspondance se fait alors entre le désir d’enfant et un deuil non fait. Ce qui mène alors aux enfants que l’on dit de « remplacement ».

Monique Bydlowski (neuropsychiatre) explique dans son livre La Dette de vie : « C’est une mise en acte, ou plutôt, une mise en enfant. Littéralement, il n’y a plus de cadavre, il y a un enfant qui vient prendre sa place et faire barrage au deuil en tant que processus élaboratif éventuel. Il y a négation du deuil. Le cadavre s’enfouit dans l’enfant. »

Ce point de départ explique ensuite que « cet enfant est mal parti : interruption de grossesse, prématurité grave, voire psychose précoce ». Ainsi, si le deuil n’a pas été fait, il arrive souvent que la date anniversaire de sa mort corresponde à la date de la conception ou de la naissance réelle ou prévue d’un enfant.


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