Je voulais vous partager des passages du livre de Colette Poggi « La bhagavad Gîtâ ». Ces passages sont à mon sens parlant, invitent à réfléchir…
J’espère qu’ils vous plairont.
« Un jour deux grenouilles, avisant une jatte de lait, sautèrent joyeusement dedans afin de compléter leur frugal repas. Bien repues, elles voulurent s’en échapper avant d’être découvertes. Hélas, les bords étaient glissants, et après de multiples tentatives, elles désespérèrent. Bof, dit l’une, plus la peine d’essayer, c’en est fini de nous, laissons-nous mourir, noyées dans le lait !
Jamais, sursauta l’autre ! Cette inconsciente essaya, réessaya, sauta, glissa, mille et une fois, en vain, tandis que l’autre, désabusée, ne la regardait pas même d’un œil.
Mais soudain, à force d’être baratté, le lait devint beurre et, prenant appui, l’audacieuse fit un bond et s’échappa.
L’histoire ne dit pas ce que fit la désabusée, mais il me plait d’imaginer qu’au dernier moment, elle put aussi s’échapper en imitant sa comparse. »
« Il était une fois deux grenouilles dans un puits. Elles n’avaient jamais eu d’autre horizon. Comment auraient-elles pu imaginer qu’il existait, au-delà du puits, autre chose ? Arrivant de pays lointains, un petit oiseau se posa un jour sur la margelle du puits. Ils commencèrent à parler ensemble. Lorsqu’il raconta ses voyages, les grenouilles pensèrent d’emblée que l’oiseau mentait. Sa description de l’océan, inimaginable depuis un puits, n’était que mensonge ! L’une des grenouilles, irritée de ce délire, retourna dans sa tanière. L’autre entendit au fond d’elle-même une petite voix de pratibhâ lui susurrer : « Et pourquoi pas ? Est-ce vraiment impossible ? ». Elle fit confiance, se mit en mouvement et partit à la découverte de l’océan.
Nos pensées ressemblent souvent à des miroirs aléatoires, au fond du puits de nos vieilles certitudes. Elles finissent par former une sorte de palais des glaces se renvoyant des visions du monde infondées mais rassurantes. Nous croyons que nous pensons, mais nous sommes pensés : des ondes de pensée venues de nos mémoires oubliées (vâsanâ) se créent et émergent, agitent la mer de notre esprit, malgré nous. Nous sommes en fait le théâtre de leur jeu impitoyable. Prendre conscience de ces créations mentales permet déjà une heureuse distanciation. Ce n’est qu’un hologramme auto-créé, à l’intérieur de soi ! »
« Pour bien agir, il faut, en premier lieu, « voir » à la juste distance, sans motif égocentrique, en ne considérant pas le seul profit individuel. L’agir juste consiste ainsi à agir en accord avec le dharma, c’est-à-dire en tenant compte, de manière altruiste, du bien des autres, de la participation de tous à l’ordre cosmique, et, dans cette réalité aux dimensions élargies, règne la loi de l’interdépendance ».
« Ne pas agir ne signifie pas ne rien faire, ni se taire »
(Traité chinois intitulé Huainanzi, II° siècle avant notre ère)
« Un conte illustre la vertu fondamentale de l’entraide.
On raconte que jadis, en Enfer comme au Paradis, les êtres humains pouvaient manger à leur guise : on les avait dotés de très longues cuillères. Les premiers, en Enfer, ne pensaient qu’ç porter la cuillère à leur bouche, mais ils n’y parvenaient pas du fait de son extrême longueur. Il en allait tout autrement au Paradis où le festin se déroulait joyeusement, chacun nourrissant son prochain, à l’autre bout de la table ».
« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité de la vaincre »,
le héros de la Bhagavad Gîtâ.
Comments