Le désir comporte plusieurs dimensions et ne se réduit pas aux conduites sexuelles, car il peut rester à l’état de désir.
Je vais vous parler ici de quelques caractéristiques du désir…
Les comportements observables mettant en scène le désir permettent de déduire qu’il existe une poussée, une force, une pulsion vers quelque chose…
Le désir ne peut pas être réduit à de l’excitation ou à un orgasme car il est possible de ressentir une absence de désir en dépit d’une capacité d’excitation et d’orgasme intact.
Plus particulièrement chez la femme, une intimité émotionnelle insuffisante peut entraver la recherche de stimuli sexuels ou diminuer sa réceptivité. A l’inverse, cette intimité influe sur l’amplification de son excitation, sa satisfaction sexuelle et la force du désir.
Le désir se caractérise par une variation individuelle sur le plan de l’intensité, sur une échelle allant de la passion à l’aversion.
Des individus peuvent manifester une forte pulsion tout au long de leur vie tandis que pour d’autres, cela sera ressenti plus faiblement.
Cependant, personne n’échappe à des fluctuations pouvant être liées à l’âge et à l’état de santé. Il arrive aussi que le désir naisse à certaines occasions puis s’estompe rapidement.
Le désir se caractérise également par une variation individuelle concernant sa cible et sa provenance.
Les cibles sont diverses et variées, elles dépendent des préférences sexuelles relatives au sexe, à l’âge et aux objectifs poursuivis.
Ses provenances peuvent être multiples. Le désir trouve sa source autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’individu (les pensées tout comme la vision de scène érotique).
Variables influant sur le désir sexuel
Besoins conscients ou inconscients
Santé
Préférences
Stimuli ou incitateurs (formes, touchers, odeurs…)
Imagination et fantasmes
Ouverture par rapport à la sexualité
Décodage des sensations et des stimuli
Satisfaction sexuelle
Présence d’un partenaire
Relation interpersonnelle
Emotions
Estime de soi
Image corporelle
…
L’élaboration du désir sexuel fait entrer en jeu de nombreux facteurs, tels que le type d’attachement, les expériences sexuelles, la mémoire, les attentes, l’imaginaire érotique…
Ici, je vais aborder la dimension du passé, où vous pourrez découvrir que celui-ci aurait un impact sur nos désirs.
La marque du passé
Dès nos premières années de vie, notre environnement auprès de nos proches et nos interactions avec eux graveraient des mémoires, susceptibles de modeler le désir sexuel de notre adulte que nous serons plus tard.
La proximité physique, les soins reçus, la sensualité, la nature de l’attachement, laisseraient comme une empreinte dans notre cerveau.
Lorsque l’on rencontre une personne qui nous rappelle un membre proche de notre famille, c’est le coup de foudre. C’est cette empreinte qui nous pousse inconsciemment à réagir à certains stimuli de notre enfance et à retrouver ces émotions qui nous ont marqué.
Le style d’attachement déteint sur le désir. Il s’exprime par des besoins qui rejaillissent dans les fantasmes.
Les individus qui ont un style d’attachement anxieux, avec une faible estime de soi et une peur de l’abandon, auront un attrait pour des fantasmes de soumission. Ce type de fantasme peut traduire leur besoin insatiable d’être désiré.
On peut retrouver aussi des fantasmes romantiques chez les hommes, où ils désirent la satisfaire sexuellement.
Ces hommes seraient moins portés sur les relations hors couples et auraient peu de partenaires sexuels.
Concernant les femmes qui ont un type d’attachement anxieux, elles ont tendance à se tourner vers des partenaires qui ne sont pas le leur actuellement et à se servir de la sexualité pour rehausser leur estime d’elles-mêmes. Fantasmer sur d’autres partenaires équivaudrait à une solution de rechange advenant un abandon.
Le désir sexuel, d’après Dorais (2004), serait essentiellement constitué de la mémoire des relations passées. Nos préférences porteraient sur des personnes avec lesquelles nous espérons inconsciemment revivre certaines dynamiques, de façon à exorciser des traumatismes affectifs du passé et à en sortir gagnants par le plaisir réparateur.
L'apprentissage
L’apprentissage, ou dans d’autre terme, les processus de conditionnement peuvent moduler le désir sexuel. La pulsion s’appuie énormément en effet sur les mécanismes biologiques, mais pas que ! Je vais également aborder dans cet article ce qui nous pousse à nous engager dans un acte sexuel.
Les stimuli suscitant l’excitation et le désir sont multiples et différent en fonction des individus. Le conditionnement tient une place particulière dans ce processus.
Prenons l’exemple des premières expériences sexuelles. Si elles se déroulent dans un contexte de bien être ou de malaise, si les odeurs sont agréables ou désagréables, s’il y a des objets dans la pièce… ces éléments acquièrent une charge positive, ou négative sur le plan émotionnel, qui permettent d’accéder au désir, ou non.
Notre cerveau effectue des associations dans ces situations, qui permet à l’individu d’être dans un état de sérénité lors d’une expérience sexuelle, ou au contraire, dans la retenu, si l’individu a connu des abus sexuels.
Les conduites sexuelles sous forme de récompense ou de punition ont le même effet.
Quand une relation sexuelle débouche sur une grande satisfaction émotionnelle et physique, il se crée un conditionnement positif. A l’inverse, l’absence répétée de plaisir associée à des gestes inappropriés risque d’entrainer un conditionnement aversif et d’induire une extinction graduelle du désir.
Le saviez-vous ?
Il parait que, l’orgasme chez l’homme active un centre majeur du circuit de récompense avec une intensité comparable à celle que déclenche l’héroïne !
Motifs d’engagement dans la relation sexuelle
Il existe évidemment une part de motivation où l’activité sexuelle est recherchée car elle procure satisfaction et plaisir. Mais certains motifs peuvent se retrouver dans des catégories dites d’approche et d’évitement, en fonction des conséquences qui en découlent.
Prenons l’exemple de rapports sexuels sans préservatifs.
Ici, l’un est motivé par le désir d’augmenter son plaisir (catégorie d’approche) et l’autre par le désir d’éviter le rejet par un partenaire (catégorie d’évitement).
Ces catégories nous amènent à constater que selon une enquête CSF (contexte de la sexualité en France), 51.5% des femmes et 24.6% des hommes déclarent avoir accepté parfois ou souvent des rapports sexuels pour faire plaisir à leur partenaire alors qu’ils n’en avaient pas vraiment envie.
Les répondants indiquent vouloir satisfaire les besoins de leur partenaire, favoriser l’intimité et éviter les tensions.
Mais il existe de nombreuses autres raisons… Telles qu’éviter que le partenaire se sente rejeté, soumission à la pression des pairs, se montrer plus désirable, l’incapacité d’opposer un refus…
Hill (1996) a distingué huit motifs sexuels de base qu’il a défini comme disposition stable ayant pour effet d’éveiller les sensations sexuelles et de contribuer à l’élaboration du désir sexuel :
Se sentir valorisé par le partenaire ;
Manifester son estime pour le partenaire ;
Obtenir un soulagement des tensions ;
Prodiguer des soins et de l’attention pour le bien être psychologique du partenaire ;
Rehausser son sentiment de pouvoir personnel ;
Ressentir le pouvoir du partenaire ;
Faire l’expérience du plaisir ;
Procréer.
Ces motifs concordent avec des traits de personnalités recherchés chez le partenaire et un certain type de sexualité.
Par exemple, le motif n°5 « Rehausser son sentiment de pouvoir personnel » s’accord avec un partenaire plus instable émotionnellement, anxieux et vulnérable, et donc, plus contrôlable.
Le motif n°4 « Prodiguer des soins et de l’attention » apparait avec un type de sexualité dans lequel prédomine les expressions affectueuses et rassurantes dans un climat d’intimité sexuelle.
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